Ecrire, penser, comprendre
Atelier d'écriture philosophique
samedi 7 décembre 2013
L'existence
A propos de l'existentialisme, texte envoyé par Kelly
Le corps
"Longtemps, j'ai ignoré mon corps.Ce n'était pas que je ne le savais pas là, ni même qu'il ne me donnait pas de plaisir mais, comme bien d'autres avant moi, je le considérais comme une évidence. Il était là, point. Et je m'en servais pour boire et manger, fumer et baiser. Et j'aimais cela. J'aurais pu dire que j'étais un bon vivant, même si, par cette affectation très française, je cherchais l'esprit derrière le corps. Cette chose poilue faite d'os, de nerfs, de muscles, dotée d'une sensibilité, était un moyen, une porte d'entrée, une voie d’accès vers des satisfaction profondes et simples. Manger, boire, fumer , baiser. Et peut être nager aussi. Seulement, j'aurais dit alors que nager forçait les retrouvailles avec un élément naturel, la mer et, peut-être l'enfance. J'ai pratiqué des sports pourtant, notamment, le tennis et l'escrime. Je me débrouillais bien. J'étais vif, rapide, j'avais une bonne vitesse d'exécution. Cela aurait pu me suffire. l'exercice du corps en soi, le seul fait de se tenir sur ses jambes fléchies, les sens en alerte, la pointe de l'épée droite comme un prolongement naturel de la main. Mais non. je décrivais l'escrime comme "une partie d'échec physique". Et, bien entendu, c'est cela qui me plaisait. L'idée que mon corps me permettait de vivre ce duel. Il était le véhicule commode de mon esprit, c'est tout. je ne vais pas non plus faire le bravache. j'étais soucieux de mon apparence, soucieux de plaire mais j'avais cette chance, c'était facile.
Quel con!
J'écris et j'écrirai toujours depuis mon corps déserté. j'écris depuis le lit d'hôpital où j'ai été cloué il y a huit ans avec une tétraplégie flasque et une diplégie faciale. Car quand le corps reprends ses droits, les mots s'écrasent, seul le vocabulaire médical tient la route. En une poignée de de jours, je me suis retrouvé paralysé des pieds à la tête, incapable de sentir quoi que ce soit. Mon système nerveux périphérique avait été complètement dévasté. C'était simple, je n'avais plus de corps. J'étais devenu un pur esprit. J'étais conscient, j'éprouvais des douleurs neurologiques dont le siège, justement, est très difficile à identifier. Ces douleurs étaient les seules à pouvoir me rappeler la forme de mon corps. Sinon, je n'en savais plus rien. j'étais maintenu en vie par un respirateur artificiel et mon corps était perfusé en tous sens. J'étais moi et je n'étais plus... Nul n' a jamais su ce qui m'était arrivé. Un virus probalement.
Et depuis ce moment, je vis avec mon corps.
Le retrouver a été un log combat. je me suis battu chaque jour pendant deux ans. J'ai tout fait pour récupérer ses fonctions- j'ai malheureusement échoué à le faire revivre complètement. Mon corps est devenu indocile, voire insolent. Aujourd'hui encore, il m'ignore quand je voudrais que le pouce de ma main droite se déplace pour former une pince avec mon index. J'ai beau y mettre toute mon énergie, toute ma force, j'ai beau l'exhorter "allez, allez, vas-y". Il ne veut pas. C'est fini et c'est irrémédiable. Je ne sais pas ce qui a causé ma maladie, aussi ne puis-je pas blâmer mon ignorance précédente mais quand même...
Quelques années plus tôt, lorsque j’étudiais pour passer le concours d'une grande école, le thème en philosophie était "la sensibilité". Et la classe de se demander si les émotions provenaient des sensations. j'avais noté froidement sans rien comprendre. ce qui me semblait abscons, la vie me l'a appris. le corps nous tient à sa merci. Il est notre bouée." Boris Razon, extrait, Philosophie magazine, novembre 2013, L'enfer, c'est le pur esprit.
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Toujours à propos de l'existentialisme, texte envoyé par Brigitte.
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Le corps
"Longtemps, j'ai ignoré mon corps.Ce n'était pas que je ne le savais pas là, ni même qu'il ne me donnait pas de plaisir mais, comme bien d'autres avant moi, je le considérais comme une évidence. Il était là, point. Et je m'en servais pour boire et manger, fumer et baiser. Et j'aimais cela. J'aurais pu dire que j'étais un bon vivant, même si, par cette affectation très française, je cherchais l'esprit derrière le corps. Cette chose poilue faite d'os, de nerfs, de muscles, dotée d'une sensibilité, était un moyen, une porte d'entrée, une voie d’accès vers des satisfaction profondes et simples. Manger, boire, fumer , baiser. Et peut être nager aussi. Seulement, j'aurais dit alors que nager forçait les retrouvailles avec un élément naturel, la mer et, peut-être l'enfance. J'ai pratiqué des sports pourtant, notamment, le tennis et l'escrime. Je me débrouillais bien. J'étais vif, rapide, j'avais une bonne vitesse d'exécution. Cela aurait pu me suffire. l'exercice du corps en soi, le seul fait de se tenir sur ses jambes fléchies, les sens en alerte, la pointe de l'épée droite comme un prolongement naturel de la main. Mais non. je décrivais l'escrime comme "une partie d'échec physique". Et, bien entendu, c'est cela qui me plaisait. L'idée que mon corps me permettait de vivre ce duel. Il était le véhicule commode de mon esprit, c'est tout. je ne vais pas non plus faire le bravache. j'étais soucieux de mon apparence, soucieux de plaire mais j'avais cette chance, c'était facile.
Quel con!
J'écris et j'écrirai toujours depuis mon corps déserté. j'écris depuis le lit d'hôpital où j'ai été cloué il y a huit ans avec une tétraplégie flasque et une diplégie faciale. Car quand le corps reprends ses droits, les mots s'écrasent, seul le vocabulaire médical tient la route. En une poignée de de jours, je me suis retrouvé paralysé des pieds à la tête, incapable de sentir quoi que ce soit. Mon système nerveux périphérique avait été complètement dévasté. C'était simple, je n'avais plus de corps. J'étais devenu un pur esprit. J'étais conscient, j'éprouvais des douleurs neurologiques dont le siège, justement, est très difficile à identifier. Ces douleurs étaient les seules à pouvoir me rappeler la forme de mon corps. Sinon, je n'en savais plus rien. j'étais maintenu en vie par un respirateur artificiel et mon corps était perfusé en tous sens. J'étais moi et je n'étais plus... Nul n' a jamais su ce qui m'était arrivé. Un virus probalement.
Et depuis ce moment, je vis avec mon corps.
Le retrouver a été un log combat. je me suis battu chaque jour pendant deux ans. J'ai tout fait pour récupérer ses fonctions- j'ai malheureusement échoué à le faire revivre complètement. Mon corps est devenu indocile, voire insolent. Aujourd'hui encore, il m'ignore quand je voudrais que le pouce de ma main droite se déplace pour former une pince avec mon index. J'ai beau y mettre toute mon énergie, toute ma force, j'ai beau l'exhorter "allez, allez, vas-y". Il ne veut pas. C'est fini et c'est irrémédiable. Je ne sais pas ce qui a causé ma maladie, aussi ne puis-je pas blâmer mon ignorance précédente mais quand même...
Quelques années plus tôt, lorsque j’étudiais pour passer le concours d'une grande école, le thème en philosophie était "la sensibilité". Et la classe de se demander si les émotions provenaient des sensations. j'avais noté froidement sans rien comprendre. ce qui me semblait abscons, la vie me l'a appris. le corps nous tient à sa merci. Il est notre bouée." Boris Razon, extrait, Philosophie magazine, novembre 2013, L'enfer, c'est le pur esprit.
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Toujours à propos de l'existentialisme, texte envoyé par Brigitte.
Un entre-deux de la vie et de la mort
Voici relatée une expérience vécue du « passage » (il
s’agit bien entendu d’un passage qui n’a pas abouti !) :
C’est une curieuse
sensation, une perception bizarre de deux fonctionnements : du
fonctionnement véritable du corps et du fonctionnement déformé par le sens
individuel du corps individuel. C’est presque simultané, c’est cela qui fait
que c’est très difficile à expliquer… C’est comme si la conscience était tirée
ou poussée ou placée dans une certaine position, et là les mauvais
fonctionnements apparaissent instantanément, et ils apparaissent instantanément
non pas comme une conséquence, mais parce que la conscience S’APERÇOIT de leur
existence…
Ici, nous commençons à toucher un secret. Cette expérience
dit que le mauvais fonctionnement (celui qui conduit à la mort) n’est pas la
conséquence du fait que l’on a attrapé telle ou telle maladie mais du fait que
la conscience s’aperçoit de son existence. D’un côté, la conscience d’un corps naturel,
inaltéré, originel, de l’autre, un corps malade dont la réalité est rendue
visible par la conscience. Il y a deux positionnements de la conscience, l’un
entraîne un mauvais fonctionnement et ses conséquences et si la conscience
reprend sa véritable position - ou l’autre positionnement -, cela cesse
instantanément.
Après plusieurs expériences du « passage » et de
recherches pour saisir la compréhension du phénomène, voici un nouveau
témoignage :
Maintenant ma position
a changé. Cela prend quelquefois des années pour se changer en un pouvoir
conscient. Le pouvoir conscient dans ce cas-ci serait le pouvoir de donner ou
d’empêcher la mort également, de faire le mouvement de forces
nécessaires : presque une action mécanique sur les cellules. Ce pouvoir-là
ferait qu’on peut donner ou empêcher la mort. On n’a plus du tout cette
sensation que l’on a d’une opposition brutale entre la vie et la mort qui est
son contraire – la mort n’est pas le contraire de la vie ! – C’est comme
un changement dans le fonctionnement des cellules ou dans leur arrangement.
Quand on a compris cela, c’est très simple et… ce serait une nouvelle phase de la vie terrestre. Ce
« mourir à la mort » m’est apparu clairement, puissamment et ce n’est
pas une question de facilité ou de difficulté, c’est spontané, c’est naturel et
c’est si souriant !
Pour moi, le problème
est de trouver le processus afin d’avoir le pouvoir de défaire ce qui a été
fait (toute cette trame d’irréalités produites par un mauvais fonctionnement du
corps dans laquelle nous sommes enveloppés). Après toutes ces années, je
comprends qu’il faudrait avoir la clé du procédé. Et ne faut-il pas sentir ou
vivre comment les choses se passent de cette façon et sentir ou vivre comment
les choses se passent de cette autre façon pour trouver la clé de ce
procédé ? Ce qui est intéressant de voir est que maintenant que le mental
des cellules est organisé, il semble repasser avec une rapidité vertigineuse à
travers tout le procédé du développement mental humain pour atteindre…
justement la clé.
C’est le mental des cellules qui a la clé de la non-mort, de
l’état où la mort et la vie se changent en quelque chose d’autre, où cette
opposition n’existe plus.
La mort n’est pas le contraire de la vie. C’est le même état,
la même « bouillie » de quelque chose que nous appelons l’existence
où, de temps en temps, nous attrapons la mort pour de bon, mais en fait elle
était là depuis toujours, nous sommes nés avec, nous sommes nés dedans pourrait-on
dire. Nos cellules enroulent constamment l’habitude de la défaite et de la
mort, c’est leur « bonne volonté » (stupide). Mais si nous changeons
cette vibration-là, ce mode d’enroulement pour leur donner à répéter et répéter
une autre vibration –solaire, libre ! – tout change. Ce n’est plus alors
la vie telle que nous la connaissons qui est seulement de la mort en suspens,
du faux temps, de la fausse matière et ce n’est plus la mort telle que nous la
« connaissons » qui est seulement la disparition de notre faux regard
et de notre fausse scène matérielle, mais quelque chose qui continue, avec ou
sans corps, dans un vrai temps, un vrai espace, une vraie matière matérielle et
terrestre. C’est là sur-vie, le commencement d’une autre espèce ou d’un autre
règne sur la terre, une « nouvelle phase de la vie terrestre ».
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L'existence: texte de Pat Palmer
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L'existence: texte de Pat Palmer
Une renaissance
Un
frémissement, j'ai ressenti un frémissement alors que j'étais tapis,
presque immobile, dans un entrelacs de branches et de broussailles, au
fond, tout au fond d'une forêt épaisse, froide et silencieuse. J'ai
alors rampé, jusqu'à la lisière, sans trop m'avancer, sans me secouer
des feuilles et des brindilles qui me couvrent le corps et la tête. J'ai
observé. Il semble que ce frémissement existe et que ce n'est pas un
frisson des grands arbres harassés d'hiver. C'est comme une lumière, une
chaleur encore parsemée de relents plus frais. Il m'a semblé voir
l'herbe sourire. J'ai cru entendre un babillement de fleurs naissantes.
La terre elle même a ronronné, un bref instant. Je me suis retiré, à
reculons, avec prudence, sans bruit, comme une couleuvre. Mais mes
muscles batailleurs ont entendu les paroles du monde et je les ai sentis
moins tendues, comme rassurées. Au fond de mon instinct sauvage et
farouche, une mélodie impalpable a surgi. Comme une source jamais
trouvée. Comme un vent léger longeant des falaises. Comme un chant
d'étoiles sous un ciel nu...
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